Chef Nick Hodge, le jardinier texan suttonnais, possède un charme fou et est d’une facilité d’approche déconcertante. Pas de flafla ni de côté prima dona ici : « Salut c’est Nick, rappelle-moi » laisse-t-il en message sur le répondeur alors que nous désirons discuter d’un événement sur lequel nous travaillons ensemble. Car si Nick est devenu québécois de cœur, il reste texan dans l’âme et c’est avec lui que l’on concocte des bouchées originales et festives lors de certains cocktails au Consulat des États-Unis à Montréal. Originaire de Houston au Texas, il s’est enraciné au Québec depuis plus de 25 ans. Adepte de tacos et autres mets typiques de son lieu d’origine, Nick est aujourd’hui propriétaire du resto Icehouse sur le Plateau à Montréal, décrit sur le web comme étant un resto « tex-mex down and dirty ». Vainqueur de l’épisode 3 de la deuxième saison de Iron chef Canada en septembre 2019, Nick cuisine comme il est, certains jours un peu, d’autres beaucoup, toujours passionnément, parfois à la folie. Mais jamais pas du tout.
 
Depuis 2016, la famille Hodge & Doucet (nom de sa femme Nathalie) s’est installée à Sutton, au creux des vallons du chemin Macey dans ce beau coin de pays près de la frontière américaine, fondant la Ferme Sugaree avec les parents de Nathalie. Nick et elle voulaient cultiver des légumes afin de fournir leur restaurant. Les légumes sont à la mode, la demande devenait de plus en plus forte alors le jardin s’est agrandi de 2016 à 2020… puis la pandémie a frappé. Les produits cultivés en trop ont alors trouvé preneur au petit marché fermier local ouvert, dans les circonstances, à l’été 2020.
 
Depuis lors, tous les samedis de la Saint-Jean à l’Action de Grâces, on peut acheter au marché de la ferme Sugaree une grande variété de légumes dont, entre autres, les énormes tomates ancestrales - bien sucrées et légèrement acides - portant le mystérieux nom de Doctor Lyle, d’un rouge profond aux épaules vertes. Nick me raconte en rigolant qu’une tomate peut peser jusqu’à deux livres et qu’une seule tranche suffit pour faire un sandwich! On va aussi assurément au marché pour manger des tacos concoctés par le chef, boire une « slush » en limonade, trouver une grande variété de légumes (tomates, piments et poivrons, carottes, laitues, pois sucrés, concombres, courges d’hiver…) et y acheter des produits transformés faits à la maison tels que sauces aux piments ou BBQ, marinades et autres condiments toujours agréables à avoir sous la main.
 
Pour les légumes, les jardiniers de Sugaree (Nick, Nathalie et les parents de cette dernière) utilisent des semences biologiques, si possible provenant du Québec, sinon du Canada. Si les légumes ne possèdent pas l’appellation biologique, sachez qu’aucun insecticide ni fongicide ne sont utilisés à la ferme. De bons légumes bien naturels, quoi.
 
Intriguée par sa facilité à devenir producteur de légumes, le chef me raconte qu’il est né sur une ferme de coton au Texas, spécifiant du coup que cet état américain est le plus grand producteur de coton au monde, et de loin. Là-bas, près de la maison, à côté des grands champs vêtus de blanc, son grand-père tenait un jardin assez grand pour nourrir la famille et le voisinage. Alors sa vie d’enfant a été rythmée par la température extérieure, et les inquiétudes liées aux intempéries ou encore aux insectes ravageurs ont fait de lui le jardinier assumé qu’il est devenu aujourd’hui. 
 
Nick me confie qu’il y a un nouveau projet dans les cartons de la ferme Sugaree pour l’hiver qui s’en vient, soit agrandir la serre afin de mettre en terre au printemps plus de leurs plants au jardin et en offrir en vente. Avis aux intéressés, vous pourrez trouver une plus grande variété de plants de légumes dès le printemps 2023. 
 
Parents de deux filles, la famille de Nick et Nathalie est bien ancrée dans la vie du village, une de ses filles travaille d’ailleurs à la Rumeur affamée pendant l’été (ceux qui connaissent Sutton reconnaîtront le nom de l’épicerie gastronomique de ce coin des Cantons-de-l ’Est), et à la montagne de ski pendant l’hiver. Difficile de faire mieux question proximité!
 
On termine cette entrevue avec les questions usuelles : « Dis-moi Nick, si tu étais un légume… » Alors s’il était un légume, il serait sûrement un piment bien piquant, et s’il était un fruit, chef Hodge serait évidemment la tomate ancestrale Doctor Lyle, vedette de ses jardins.
 
La rédaction de cet article s’est terminée en parcourant ses magnifiques photos Instagram; j’ai, en les regardant, entendu les rires de ses filles, senti le sol riche, noir et humide de son jardin et le parfum de ses légumes, j’ai vu l’amour dans son regard, la passion dans sa vie.
 
On aime trop les Américains comme Nick Hodge qui aiment notre pays et le montrent en créant magistralement avec les produits d’ici, de la terre à la table.
 
Propos recueillis par Isabelle Ferland
Pour fraicheurquebec.com
Le 1er décembre 2022 

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